Lucien Kemkeng, conseiller municipal délégué (UMP) dans la ville de Sèvres

Loin du débat actuel sur la politique sécuritaire du gouvernement en réaction aux événements de Grenoble, il semble important de revenir à la réalité, aux préoccupations des populations et aux solutions adéquates. Le débat actuel montre bien que les problèmes des banlieues doivent être solutionnés au risque de créer une véritable scission au sein de la population.

Sans vouloir esquiver le débat sur la sécurité (l’Etat doit en effet se faire respecter sur tout le territoire), je pense que ceux qui font un lien entre insécurité et pauvreté se trompent. Les régions les plus pauvres de France ne sont pas celles ou règnent le plus d’insécurité. Par contre nul ne peut contester le fait que certains voyous trouvent refuge dans les banlieues défavorisées. C’est pourquoi il est urgent d’agir efficacement dans ces banlieues pour couper ce lien et éviter des éventuels amalgames entre habitants des banlieues défavorisées et insécurités.

Lorsqu’on est en permanence en relation avec les populations des quartiers défavorisés, on se rend compte que les soucis majeurs sont la formation et l’emploi. Beaucoup de personnes disposant d’une formation n’ont pas d’emploi et un nombre important de ceux qui n’en disposent pas sont quasiment exclus du marché du travail.

ÉTENDRE LE FICHIER DES DÉCROCHEURS

En mai dernier lors d’un discours devant les inspecteurs d’académie à l’Elysée, le président de la République a annoncé la création d’un fichier des décrocheurs pour recenser les élèves quittant l’école après 16 ans. Je propose que cette proposition soit étendue à l’ensemble des jeunes des quartiers défavorisés (on parle bien de zones urbaines sensibles), entre 16 ans et 25 ans ou 30 ans. Un outil statistique serait ainsi mis à disposition afin de faire un véritable état des lieux de ces quartiers en matière de formation et d’emploi.

Après cette première phase de mise en place d’outil statistique, on pourrait ensuite proposer une formation adaptée à toutes les personnes n’ayant pas une formation minimale permettant d’accéder à un emploi, formation en adéquation avec les besoins du marché du travail.

A la deuxième phase serait également associée un contrat d’objectif avec le pôle emploi afin d’accompagner les personnes n’ayant pas de besoin de formation à rechercher un emploi. Une évaluation peut être faite tous les six mois.

Enfin, une troisième phase après formations pourrait consister à réintégrer les personnes formées dans le dispositif de recherche d’emploi.

Tout ceci ne peut se faire avec le budget actuel. C’est pourquoi je propose de manière exceptionnelle que le grand emprunt soit augmenté du coût supplémentaire de ce dispositif car il est question d’un véritable investissement économique et social.

Sur le plan économique, cette opération permettrait de créer de la valeur en diminuant le nombre d’emplois non pourvus. Sur le plan social cette opération permettrait de réduire la fragilité des populations exposées aux manipulations des voyous et éviterait ainsi certains dépenses liées aux incivilités.

Enfin ceci permettrait de lutter contre le sentiment de discrimination dont pensent être victimes certaines populations et réconcilierait la France avec ses banlieues.

Dans un contexte où certaines mesures prises pour lutter contre l’insécurité sont parfois présentées comme stigmatisant les populations des banlieues majoritairement d’origines étrangères ; il est urgent d’agir. Nous ne pouvons attendre le prochain mandat au risque de désespérer complètement les populations et d’accentuer le fossé entre les banlieues et les autres territoires.

Lucien Kemkeng est aussi membre de la Commission locale d’évaluation des charges transférées (CLECT) et vice-président du Cercle de la diversité Lucien Kemkeng, conseiller municipal délégué (UMP) dans la ville de Sèvres